Coulisses de l’enquête sur l’inclusion numérique des séniors

Point de départ : l’accueil des migrant·es

Au départ de cette enquête, il y a une intuition : celle d’un accueil complexe et biaisé des migrants en France. Nous voulions initialement enquêter sur la différence de traitement d’accueil entre les réfugié·es ukrainien·es et les migrant·es à Bordeaux. Par manque de données, nous avons finalement axé nos recherches sur les solutions concrètes mises en place pour inclure socialement et durablement les migrant·es, plus que sur l’accueil administratif en lui-même. Notre intérêt s’est donc porté sur l’inclusion numérique. Notre angle s’est affiné lorsque nous avons eu à notre disposition un jeu de données sur le site https://opendata.bordeaux-metropole.fr/pages/accueil/.

125 lieux y étaient répertoriés sur le territoire de Bordeaux Métropole. A partir de ces données, nous avons décidé de créer notre propre jeu de données afin d’obtenir des informations supplémentaires sur leur fonctionnement (s’ils accueillent des migrant·es et à quelle fréquence, quel est leur budget, leurs financements, la mise à disposition d’outils numériques, s’ils proposent un accompagnement personnalisé et avec quel encadrement etc…), nous les avons tous contactés et leur avons posé nos questions. Après plusieurs heures, nous avons obtenu 76 réponses que nous avons entrées dans un Google form afin de créer un nouveau tableau (voir ci-dessous).

Nous avons également demandé à la préfecture un jeu de données sur le nombre de migrant·es actuellement sur le territoire bordelais, tous statuts confondus, mais elle n’a pas su nous en fournir un.

Sur le terrain, nous sommes parti·es à la rencontre de différent·es acteur·rices et principalement des associations proposant des ateliers d’inclusion numérique. Au fil de nos recherches et de nos rencontres, nous avons réalisé que les structures dédiées aux personnes migrantes prenaient en charge les démarches numériques pour elles. C’est le cas de la Spada ( Structure de premier accueil pour demandeurs d’asile) et du Cada (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile). Au Diaconat de Bordeaux, une association protestante qui vient en aide aux plus démuni·es et qui est rattachée au Cada, nous avons pu discuter avec la directrice, Julie Magne. Le lendemain, avec un chef de service du Cada, David Mazurier. Les deux nous ont détaillé les procédures que suivent les personnes migrantes quand elles arrivent sur un territoire. Puis le consensus est apparu : le numérique chez les migrant·es n’est pas un sujet car c’est le Cada et la Spada qui s’occupent des démarches administratives pour les demandeur·ses d’asile. De plus, ils et elles possèdent déjà pour la plupart un smartphone et utilisent internet et les outils numériques quotidiennement, pour communiquer avec leurs proches et se divertir. Julie Magne a également souligné le numérique comme étant un moyen d’aide pour les personnes migrantes, qui peuvent s’en servir pour traduire directement par exemple.

Changement d’angle dans l’urgence : l’inclusion numérique des séniors

Face à un manque de données concernant spécifiquement les personnes migrantes, et un sujet devenu caduc, il était devenu urgent que nous changions d’angle d’attaque au troisième jour de notre enquête. Mais sans céder à la panique bien sûr. Les premières recherches n’ayant pas été fructueuses, il était intéressant d’utiliser nos premières analyses sur le jeu de données concernant les lieux d’inclusion numérique et celui que nous avons créé. Puis nous nous sommes appuyé·es sur un constat : en France, 28% de la population est en marge du numérique. L’exclusion numérique touche principalement les 60-74 ans et les plus de 75 ans qui ont respectivement 5 et 8 fois plus de risques d’être en situation d’illectronisme. Nous nous sommes donc intéressé·es à la fracture numérique que subissent les séniors dans la région bordelaise, et les solutions mises en place par la Métropole et les associations pour y remédier.

Changement d’angle dans l’urgence : l’inclusion numérique des séniors

Concernant le jeu de données, nous l’avons modifié pour faciliter la lecture de certaines réponses, comme visible ci-dessus et ci-dessous.

Puis à l’aide de données fournies par l’Insee datant de 2021 sur la catégorie socioprofessionnelle de la personne référente du ménage, nous avons calculé les pourcentages des retraité·es présent·es dans chaque commune de la métropole, afin d’identifier notamment la distance entre ces pôles habitats et les lieux d’inclusion. Nous avons également de nouveau utilisé le jeu de données que nous avions créé en début de semaine. Les résultats qui en ressortent nous étant encore d’une grande utilité. En parallèle, nous avons contacté Bordeaux Métropole, en la personne de Gilles Massini, Anna Lebey et Sarah Gillery, qui nous ont permis d’identifier les politiques publiques mises en place pour lutter contre l’exclusion numérique des séniors, afin de ne pas se centrer uniquement sur les associations. Sur le terrain et pour la partie reportage de cette enquête data, nous nous sommes rendu·es dans quelques unes des structures solidaires qui s’engagent dans l’inclusion numérique des séniors en leur proposant un accompagnement personnalisé vers le numérique.

Neuf reportages en trois jours

Au quatrième jour, nous avons rencontré les responsables de Emmaüs connect, Sésame et Faits du cœur’s. Cette dernière propose des ateliers à domicile. Ce qui porte au nombre de neuf les lieux que nous avons arpentés dans Bordeaux. Nous avons tenté de savoir s’il était plus judicieux pour l’offre et la demande de privilégier un accompagnement à domicile que dans un centre potentiellement loin des résidences de ces séniors, ce qui pourrait générer une perte de sens de l’initiative voire une double-peine pour ces personnes. Mais également d’observer la méthodologie de chacune de ces structures et relever leurs potentielles similarités.

Ce travail de terrain est venu compléter l’analyse des données que nous avons pu récupérer auparavant sur les lieux d’inclusion numérique au sein de la métropole bordelaise.

Interlocuteur·ices:

Associations :

-Thierry Tournade, conseiller numérique France service au Pimms.

-Paul Soncourt, responsable territorial de Emmaüs Connect Gironde.

-Nathalie Wallon-Bégout, présidente de Faits de Coeur’s.

-Philippe Bégout, trésorier de Faits de Coeur’s.

-Cyril Rodriguez, responsable de l’espace médiation numérique du Sésame.

-Julie Magne, directrice du Diaconat de Bordeaux.

-David Mazurier, chef de service du Cada.

Bordeaux Métropole :

-Anna Lebey de l’équipe Solidarité numérique.

-Gilles Massini, chargé de mission Solidarité numérique.